Communiqué du collectif des féministes du Sénégal

Communiqué du collectif des féministes du Sénégal

GROUPE FACEBOOK “HOMME CHOC” : le lieu SECRET de prédilection de la masculinité toxique

C’est avec consternation que le Collectif des Féministes du Sénégal, a découvert, le 1er novembre 2022, les conversations sur Facebook d’un groupe privé d’hommes nommé “Homme Choc”, groupe dans lequel des hommes sénégalais publient des propos sexistes, misogynes et validistes alliant apologie de la violence, du viol et atteinte à l’intégrité physique de femmes et filles déjà en situation de vulnérabilité.

Nous témoignons notre soutien et notre solidarité à nos sœurs qui sont ciblées par ces violents propos publiés dans le groupe “Homme Choc”.

Ces messages, déshumanisants, mettent les femmes en danger. Les membres du groupe « Homme Choc » participent à la fétichisation de personnes déjà victimes de stigmatisation dans notre société.
Au-delà, ces messages partagés entre les membres témoignent d’un mépris profond envers toutes les femmes.

Ce groupe “privé” était supposé être un groupe de discussions entre hommes (selon les administrateurs). Mais en réalité, c’est un “boy’s club”, un lieu de défoulement sexiste et de haine envers toutes les femmes. Ces hommes y étalent fièrement leurs comportements de prédateurs sexuels et de violeurs.

UN SILENCE COMPLICE ET COUPABLE
Ce groupe misogyne, sexiste et validiste regroupe plus de 1000 hommes sénégalais avec des profils socio- professionnels divers et élevés: avocats, politiciens, patrons de presse, influenceurs, célébrités, animateurs TV, journalistes, ministre de la République, présidents d’associations pour victimes et survivantes de violences sexuelles, et certains travaillent avec des organisations internationales qui militent pour les droits des femmes.

Malgré les prises de paroles courageuses de nos sœurs militantes des droits des personnes vivant avec un handicap et atteintes d’albinisme, Yama Ndiaye et Mah Keita, absolument rien n’a été fait. Au contraire, tout est fait pour étouffer cette affaire.

LE PRIVÉ EST POLITIQUE

Ces politiciens et activistes qui se déchirent sur le terrain politique, en public, partagent en privé leur haine envers les femmes jusqu’à mettre en danger la vie des femmes, en exploitant leur situation de vulnérabilité.

Le fait que les coupables minimisent l’ampleur et l’horreur de leurs propos est encore plus choquant. Ceux qui évoquent le “second degré”, que ça “relèverait du privé” ne comprennent pas qu’on ne fait pas de blagues au détriment de la dignité des femmes, même en privé. Il est important de rappeler que le privé est le terrain d’expression des oppressions et violences systémiques sur les femmes.

Comment dissocie t-on un homme qui tient des propos sexistes en privé de son comportement dans l’espace public ?
L’humour est souvent utilisé pour faire passer des messages misogynes envers les femmes. On ne peut pas rire de tout.

De ce fait, ces hommes révèlent dans ce groupe leur vraie nature de prédateurs sexuels. Ces hommes sont des dangers ambulants pour toute la société sénégalaise.
Les hommes sénégalais sont les premiers à crier qu’ils respectent les femmes parce que nous sommes des “épouses”, des “mères” et des ”sœurs”.

Nous n’avons pas besoin que ce respect soit conditionné par une proximité familiale. Notre seule existence suffit pour qu’on nous respecte.
Le comportement de ces hommes révèle aussi le traitement réservé aux femmes dans la société sénégalaise.

PAS DE PASSE DROIT AU NOM DU PRIVÉ, le privé aussi est régi par la loi.
La solidarité masculine est impénétrable, et les membres du groupe qui n’ont pas commenté sont tout aussi complices que ceux qui ont commenté. Ceux qui n’ont pas commenté ont continué à bénéficier des privilèges de ce “boy’s club” plutôt que de se désolidariser.

Bénéficier des privilèges du groupe est plus important que la dignité des femmes.
La majorité des médias n’ont pas traité cette affaire à cause des patrons de presse qui sont membres du groupe “homme choc”.

Même les organisations qui se sont autoproclamées “ gardiennes des bonnes mœurs”, sont restées muettes malgré nos nombreuses interpellations. “La police des bonnes mœurs” serait t-elle juste un moyen de contrôler les corps des femmes? Pourquoi autant de bienveillance envers des hommes qui ont

tenu des propos aussi déshumanisants? Est ce que ce silence est lié aux statuts de ces hommes?
Dans un pays respectueux des droits des femmes , le Procureur se serait directement saisi de ce scandale.

QUELLE MASCULINITÉ POSITIVE ?

Au moment où le Sénégal accueille un sommet sur la masculinité positive, il est inconcevable que les comportements toxiques de ces hommes ne fassent l’objet d’aucune poursuite judiciaire. Nous demandons à la justice d’agir rapidement car ce groupe a fait l’apologie de viol sur des femmes. Une enquête doit être menée afin de situer les rôles, les responsabilités et d’identifier de potentielles victimes.

Nous demandons que ces hommes soient poursuivis, punis, et que des réparations soient faites.

Le Collectif de Féministes du Sénégal condamne avec la dernière énergie ces actes ignobles qui réduisent la femme à un objet de fantasme pour les hommes et qui n’honorent pas le Sénégal. Nous exigeons zéro tolérance à toutes les formes de violences faites aux femmes et nous réitérons notre solidarité sans faille à toutes les victimes.

Fait à Dakar ,

le 07/11/2022

Le collectif des Féministes du Sénégal

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *