Nous souhaitons par ce communiqué encourager Mme Adja Thiaré Diaw dans sa démarche de quête de justice. Nous lui témoignons également notre soutien inconditionnel. Nous saluons ainsi sa force mais aussi la détermination de sa mère qui fait le choix de l’accompagner dans ce processus. Nous savons que les victimes/survivantes qui font le choix de sortir de leur silence s’exposent à plus de représailles du fait de la violence patriarcale dans laquelle nous vivons. La campagne de dénigrement dont Mme Adja Thiaré Diaw est victime sur les réseaux sociaux depuis sa sortie en est la preuve.
Les violences faites aux femmes sont la responsabilité de toutes et de tous. Nous devons continuer à les prévenir et à les dénoncer. Cela passe par les familles et toutes les structures de l’État. L’accueil réservé aux victimes/survivantes est crucial dans le choix de dénoncer ou pas. Nous exigeons que les premiers répondants ( la police, la gendarmerie, les hôpitaux et autres services d’accompagnement, etc.) développent des pratiques d’interventions centrées sur les victimes/survivantes. Lan nga solon, fan nga demoon, lan ngey liggey, lo fa doon deff, ne seront jamais des réponses adéquates face à une dénonciation. Les victimes / survivantes doivent se sentir en sécurité et protégées par les institutions de l’Etat dont c’est le premier rôle, le premier devoir . Pour ce faire, le personnel préposé à l’accueil doit être formé et outillé pour conduire un entretien dénudé de tout jugement et qui respecte la dignité de la victime/survivante.
Nous rappelons aux journalistes et autres agents de la presse que leur rôle pour une société juste passe aussi par un traitement professionnel et équitable de l’information particulièrement lorsque ces informations impliquent des cas de violences sexistes et sexuelles.
La banalisation des violences sexistes et sexuelles crée un environnement favorable pour les agresseurs et les prédateurs pendant que les victimes/survivantes restent plongées dans la stigmatisation; elles sont réduites au silence , harcelées et laissées à elles-mêmes. Les viols ne cessent pas parce qu’une loi a été votée et promulguée. Il faudra qu’on apprenne à écouter les victimes qui sont les premières concernées et élaborer des méthodes d’accompagnement centrées sur leur traumatisme.
Pour conclure, nous voudrions rappeler à tout le monde que le combat féministe est un combat de principes et non un combat de circonstances. La politisation à outrance des cas de viol, selon le camp où l’on se situe est inacceptable. Les corps des femmes ne sont pas des armes de propagande politique.
Nous saluons le courage de toutes les victimes/survivantes. Celles qui ont choisi de dénoncer, tout autant que celles qui ont choisi de se taire. Nous vous croyons sans réserve et nous vous soutenons.
Dakar,le 27 Septembre 2022
Le Collectif des Féministes du Sénégal